Conservateurs et sécession

18 avril 2019, par José Niño

Au cours de l'année dernière, les commentateurs conservateurs Kurt Schlichter et Jesse Kelly ont écrit des articles flirtant avec l'idée de sécession en raison des divisions politiques aux États-Unis. Bien que les deux auteurs accusent la gauche comme il est monnaie courante dans le courant dominant de la droite, ils soulèvent des points valables sur le climat politique polarisé actuel. Leur interprétation de la politique américaine actuelle est sans importance. Le fait qu'ils suggèrent une rupture des États-Unis doit être salué.

Il est devenu très clair qu'avec de grosses dépenses, un État-providence boursouflé et un complexe militaro-industriel démesuré, ces institutions américaines s'acheminent vers l'heure des comptes. Ajouté à une guerre culturelle majeure, nous avons la recette pour des troubles politiques dans un avenir proche. Schlichter reconnaît que ces tendances macro-économiques inquiétantes, en citant les "croisades sans fin" à l'étranger, le Green New Deal et l'abolition du Collège électoral, sont autant de questions qui divisent le pays comme jamais auparavant. Pour Schlichter, une rupture nationale n'est pas si farfelue étant donné qu'il a écrit sur ce concept dans certains de ses romans : People's Republic, Indian Country et Wildfire dans lesquels le pays se sépare en nations rouge et bleue.

Une sécession pacifique devrait toujours être encouragée

Mais une telle scission n'a pas besoin d'être aussi binaire. Elle peut être fondée sur des critères régionaux, ethniques, religieux ou économiques. Néanmoins, le fait que la sécession soit envisagée est un bon point de départ. Dans son article pour The Federalist, Jesse Kelly soulève un bon point sur la nature fluide des frontières nationales :

Les frontières bougent. Les pays se divisent et changent de mains. Ils le font pour une myriade de raisons. La nôtre serait un changement culturel majeur vers la gauche et la moitié du pays refusant de se soumettre à la tyrannie.

Des événements majeurs - comme la Première Guerre mondiale - ont effectivement brisé des empires traditionnels et créé de nouvelles nations souveraines. Cependant, les guerres ne devraient pas être les seuls catalyseurs de la création de nouvelles nations. En fait, les entités politiques qui sont confrontées à des conflits internes, quels qu'ils soient, devraient embrasser avec enthousiasme l'autodétermination et lancer le processus sur une base volontaire et pacifique.

Le fait que Kelly conçoive la sécession comme un "divorce à l'amiable" est la bonne mentalité à adopter lorsqu'on discute de cette question. La sécession ne devrait pas être traitée comme un événement cataclysmique qui exige un État massif pour sévir contre le sujet "indiscipliné". Il s'agit d'êtres humains, pas d'automates qu'il faut manipuler dans un sens et dans l'autre à chaque cycle électoral, ni de pièces d'échec de la realpolitik qui doivent être exploitées par les politiciens et les bureaucrates.

Au contraire, les mouvements sécessionnistes représentent la réponse logique aux mauvaises relations que les individus et certains segments de la population entretiennent avec les gouvernements centraux. Ces mouvements devraient être autorisés à suivre leur cours naturel. En résumé, les conflits politiques devraient être traités comme n'importe quelle autre relation humaine. Lorsqu'ils échouent, les deux parties divorcent et se séparent pacifiquement.

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Les graines de la sécession moderne sont semées en Europe

L'idée de séparatisme n'est pas une théorie en l'air - c'est quelque chose qui commence à se produire en temps réel. Depuis le vote Brexit de 2016, les mouvements séparatistes à travers l'Europe se sont relancés et continuent de gagner du terrain alors que l'Union européenne avance dans les eaux de l'incertitude socio-économique. Même en Amérique, les comtés ruraux se révoltent contre les intérêts des grandes villes sur la question du contrôle des armes à feu. Certaines parties de l'État de Washington sont allées jusqu'à proposer la création d'un État séparé dans l'est de l'État de Washington, qui représente mieux les intérêts des communautés rurales.

Le XXe siècle a été une période de centralisation. Cependant, cette évolution historique ne s'est pas faite d'un seul coup. Elle est née au XVIIIe siècle à travers l'œuvre de Jean-Jacques Rousseau. Rousseau a plaidé pour une démocratie de masse en quelque sorte renforcée par un gouvernement central militant. Des concepts clichés tels que la "volonté du peuple" ont formé l'épine dorsale philosophique de gigantesques gouvernements dans le monde entier. Le problème n'est pas la démocratie elle-même, mais plutôt l'échelle de sa mise en œuvre. Les États finissent par devenir trop grands et les cultures qui les composent aboutissent à des conflits politiques improductifs, ce qui fait de chaque cycle électoral une affaire épineuse. Ce n'est pas vraiment une recette pour la paix et la tranquillité.

Ryan McMaken a raison d'affirmer que la solution au statu quo des méga-États dans lesquels nous vivons "réside dans une acceptation pacifique de division, sécession, décentralisation et de désunion". L'unité semble chaleureuse et floue, mais la maintenir à tout prix, c'est construire une catastrophe qui ne demande qu'à se produire. L'histoire des conflits politiques entre factions aboutit généralement à une guerre civile, et par conséquent, la structure gouvernementale émergente utilise la répression pour consolider son pouvoir. Le respect des libertés individuelles devient en général secondaire.

Compte tenu de l'évolution démographique et des tâches lourdes que le gouvernement américain entreprend, le pays doit prendre un temps d'arrêt et envisager réellement la séparation. Même s'il est basé sur un simple clivage entre le rouge et le bleu, c'est toujours un point de départ pour les futurs mouvements séparatistes. La dépolitisation de la société commence par la décentralisation.

La démocratie de masse a suivi son cours et de nouvelles alternatives qui valorisent le localisme doivent maintenant être envisagées.


José Niño est un écrivain vénézuélien américain indépendant. Inscrivez-vous à sa liste de diffusion ici. Procurez-vous son livre électronique Les 10 mythes du contrôle des armes à feu ici. Suivez le sur Facebook et Twitter, ou envoyez lui un email ici.

Article original publié le 18 avril 2019 sur Mises.org
Repris via licence CC by-nc-nd

Traduction : Vincent Andres, pour libland.be.


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