Immigration, expression de la liberté individuelle

par Diego Taboada

Le genre humain s’est toujours déplacé à la recherche d’une meilleure vie. Laisser les individus se déplacer, c’est leur donner l’opportunité de vivre dans des pays libres et prospères où ils peuvent s’épanouir.

L’immigration est une thématique récurrente dans l’actualité. C’est un enjeu social, économique et culturel qui souvent divise la société et alimente les débats. Quelle réponse apporter du point de vue libéral ? Une restriction de l’immigration peut-elle se justifier ? À quelles conditions ?
Historiquement, l’immigration n’était pas le sujet prioritaire pour les libéraux. Au XVIIIe siècle, les libertés sont pensées au sein d’un territoire ou d’une frontière. Ce n’est que récemment que les penseurs libéraux ont abordé la question sous le prisme de la liberté.

Deux visions principales existent.
D’une part, celle prônant une ouverture des frontières, et la liberté des individus de se déplacer à leur guise. D’autre part, certains libéraux restent attachés à l’idée de nation et considèrent qu’un contrôle mesuré est compatible voire indispensable pour le bien de la communauté.

La liberté de mouvement et l’égalité devant la loi, des composantes essentielles du libéralisme

Beaucoup de libéraux considèrent que toute barrière aux frontières représente une atteinte à la liberté de mouvement. Si quelqu’un souhaite employer un immigré, lui louer ou vendre un appartement, il doit pouvoir le faire sans restriction. Comme le souligne Robert Nozick dans son livre Anarchie, État et Utopie, l’unique rôle de l’État dans ce contexte, est d’assurer les droits de propriété. Discriminer en fonction de la nationalité est arbitraire et ne respecte pas l’égalité de tous devant la loi, si chère aux libéraux. Que ce soit pour travailler ou pour voyager, la raison importe peu et le pays d’origine ne constitue pas une raison valable d’empêcher des individus d’échanger et de s’associer librement.

Cette approche morale se complète souvent par un aspect plus économiciste : la restriction de l’immigration est une aberration économique. C’est ce que défendent certains intellectuels libéraux contemporains comme Bryan Caplan. La libre-circulation et le flux continu de personnes à travers les pays a été une source de croissance importante pour l’Occident. Rapprocher les agents économiques leur permet d’échanger et de créer de la valeur. Empêcher un individu d’entrer dans un territoire n’a pas seulement des conséquences dramatiques pour lui-même, mais aussi pour la société qui ne bénéficiera pas de sa présence. Il suffit de penser aux clients qu’un immigré pourrait avoir, ou d’observer la différence de productivité d’un travailleur en Asie par rapport à l’Europe ou aux États-Unis pour avoir une idée des opportunités manquées. Chaque individu refoulé correspond à du gaspillage de talent.

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L’effet pervers de l’État-providence

Néanmoins, d’autres libéraux s’interrogent sur les mauvaises incitations que peuvent générer les États-providence. En effet, les systèmes sociaux tels que nous les connaissons en Europe pourraient attirer des profils plus intéressés à vivre aux dépens de la société qu’à contribuer à la création de richesse.

Plus encore, ils craignent que les impôts élevés d’un système social-démocrate fassent fuir les talents et les membres productifs et attirent des personnes qui se contenteraient du filet social généreux existant, ce qui mènerait à l’appauvrissement général de la société. C’est pourquoi Milton Friedman par exemple défend que la libre-circulation est désirable seulement si elle permet d’augmenter le revenu national et considère que les mauvaises incitations doivent être supprimées.

Certains pré-requis et un contrôle mesuré de l’immigration n’apparaissent dès lors plus comme un abus mais comme une nécessité pour le maintien du système. Selon cette approche, la nation est une réalité en soi, et il s’agit de prouver qu’on mérite d’en faire partie en respectant certaines règles. Pour être accepté au sein d’une communauté il faut démontrer la volonté de contribuer positivement au groupe.

Qu’en est-il alors de l’aspect culturel ? Alors que différentes familles politiques n’hésitent pas à déclarer certaines cultures et/ou religion incompatibles avec notre façon de vivre, les libéraux sont moins catégoriques. Les avis peuvent diverger mais fondamentalement, le libéralisme se contente de penser le monde à l’échelle de l’individu. Chaque personne mérite d’être traitée de manière égale, indépendamment de sa culture ou de sa religion, il n’existe donc aucune incompatibilité de principe car ces questions relèvent de la sphère privée.

Choisir sa vie

Que l’on considère toute implication de l’État dans l’échange entre individus comme abusif et arbitraire, ou que l’on justifie quelques conditions à l’entrée pour éviter que certains viennent vivre aux dépens de la société, il est désirable que les individus puissent vivre de la manière la plus libre possible. Chaque personne doit pouvoir choisir comment et où elle veut vivre.

Le genre humain s’est toujours déplacé à la recherche d’une meilleure vie. Laisser les individus se déplacer, c’est leur donner l’opportunité de vivre dans des pays libres et prospères où ils peuvent s’épanouir. De plus, l’immigration permet de mettre en concurrence les institutions et les différents modèles de gouvernance.

Elle met également en évidence les faiblesses de certains régimes étatistes et autoritaires qui voient leurs meilleurs talents « voter avec leurs pieds » et fuir vers d’autres horizons. L’immigration reste une expression de la liberté individuelle qu’il s’agit de sauvegarder.

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Article original publié le 23 avril 2020 sur Contrepoints.org
Repris avec l'aimable autorisation de l'auteur et de Contrepoints.


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