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Les Islandais transforment 12 $ de cabillaud en 3500 $ de produits
28 juin 2018, par Alexander C. R. Hammond
La valeur des exportations de cabillaud islandais a augmenté de 100 % alors que les prises annuelles ont diminué de 45 %.
Quelque chose d'étrange est arrivé à la pêche islandaise. Dans les eaux islandaises, le nombre de cabillauds a atteint un sommet historique. Mais au lieu de profiter de cette abondante opportunité de pêche, les prises annuelles ont diminué de 45 % depuis 1981. Sur la même période, la valeur totale des exportations de produits islandais à base de cabillaud a augmenté de plus de 100 %. La cause de cette tendance particulière et apparemment contradictoire s'explique en partie par l'Ocean Cluster House islandaise ou ce que l'on appelle communément la "Silicon Valley du poisson blanc".
Surplombant le port de Reykjavik, l'Ocean Cluster House accueille 120 nouvelles start-ups marines, toutes axées sur "l'utilisation à 100 % du poisson". En d'autres termes, ce sont des entreprises qui développent des idées utilisant la chair, l'huile, la peau, les arêtes et les intestins du poisson, afin de valoriser des produits qui seraient autrement mis au rebut. "A partir d'un cabillaud, nous pouvons peut-être obtenir 12 dollars pour le filet. Mais si nous utilisons l'ensemble de la série, nous pouvons obtenir 3.500 dollars pour chaque cabillaud", explique Thor Sigfusson, fondateur d'Ocean Cluster. L'approche de la valeur ajoutée remet en question la notion selon laquelle le filet est le principal objectif d'un poisson", note-t-il.
M. Sigfusson s'oppose à ceux qui pensent que "les pêcheries du monde entier ont besoin de plus de poissons à pêcher". Il soutient plutôt que les pêcheurs doivent réduire les déchets en utilisant les 55 à 60 % de poissons qui restent actuellement inutilisés. Grâce à l'ingéniosité humaine, "on peut faire plus avec moins", explique M. Sigfusson. Voici quelques-unes des idées novatrices qui révolutionnent l'industrie islandaise de la pêche et prouvent que l'ingéniosité humaine peut ajouter de la valeur à des matériaux et des procédés jusqu'alors inutilisés :
- Penzim : un produit en gel fabriqué avec des enzymes provenant d'intestins de poisson ; il adoucit et guérit la peau endommagée et soulage les douleurs articulaires.
- Alda : une boisson de santé à saveur de citron, développée à partir de collagène marin.
- Dropi : a transformé un médicament à base de foie de morue malodorant en un supplément d'oméga 3 de luxe fraîchement pressé.
- Kerecis : fabrique des pansements médicaux à partir de peau de morue. Il traite les blessures, les brûlures et autres lésions tissulaires, notamment les blessures du pied diabétique qui pourraient s'infecter et entraîner une amputation.
- Omega3 Pectus : Kerecis travaille également sur un produit destiné à la reconstruction mammaire, en remplaçant la ficelle de soutien en nylon par de la peau de poisson.
- Reykjavik Foods : transformation de conserves de poisson en un produit de luxe par l'ajout de truffes et d'emballages haut de gamme.
- Têtes de poisson séchées et lampes en carcasse de poisson : Ocean Cluster House vend des têtes de poisson séchées pour 8 dollars dans sa boutique de souvenirs, desservant ainsi le marché touristique de niche.
- Poissons séchés : le magasin sur place vend maintenant ce type unique de poisson séché.
- Feel Iceland : une entreprise spécialisée dans les produits cosmétiques anti-âge à base de collagène et d'enzymes marines.
- The Cherry Tree : un magasin d'art et de design qui vend des vêtements et des accessoires fabriqués à partir de peau de poisson, notamment des sacs, des ceintures et des nœuds papillons.
Ocean Cluster House a commencé à diffuser ces pratiques d'amélioration de l'efficacité dans le monde entier et a les yeux rivés sur les marchés nord-américains, où l'on estime actuellement qu'entre 40 et 47 % des fruits de mer comestibles sont gaspillés. L'Islande utilise aujourd'hui 80 % de chaque cabillaud capturé.
Les changements observés dans l'industrie islandaise de la pêche ne sont qu'un exemple des moyens novateurs par lesquels l'ingéniosité humaine peut créer davantage d'emplois et ajouter de la valeur tout en utilisant moins de ressources ou des ressources jusqu'alors inutilisées. Alors que l'humanité devient plus instruite, plus interconnectée et plus innovante, d'autres secteurs sont susceptibles de subir des changements similaires, rendant ainsi notre vie à tous plus prospère.
Article original publié le 18 juin 2018 sur HumanProgress.org
Repris via autorisation
Traduction : Vincent Andres, pour libland.be.
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